Inconnue malgré elle

Il faisait beau, j’avais congé cet après-midi et, munie d’un bon polar, je prenais les premiers rayons de soleil du printemps au jardin public. Un type, non loin de là, me regardait depuis un moment. Puis il s’est approché et, d’autorité, s’est assis à mes côtés…

Inconnue malgré elle
Crédit photographique : Mystic Dreams
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Inconnue malgré elle

Je sors d’une belle retournée, j’en suis encore pantelante. Cela ne m’était pas arrivé depuis… longtemps.

Il faisait beau, j’avais congé cet après-midi et, munie d’un bon polar, je prenais les premiers rayons de soleil du printemps au jardin public. Un type, non loin de là, me regardait depuis un moment. Puis il s’est approché et, d’autorité, s’est assis à mes côtés.

— Je ne vais pas vous offrir une glace tout de même ?

— Pourquoi pas ? dis-je.

— On ne vend pas de glaces italiennes ici.

— Alors tant pis !

Nous faisons un brin de causette. Et il me propose de monter.

— Monter ? Où ?

— Tu sais bien.

— Non, je ne vois pas, dis-je franchement, les yeux écarquillés.

— Là-haut, fait-il en désignant du doigt L’Hôtel du Square dont les balcons surplombent le jardin.

Il se lève. « Alors tu viens ? » Plus étonnée que flattée par cette requête abrupte, mon sang ne fait qu’un tour. Il m’intimide… mais il ne me fait pas peur. Piquée par la curiosité, je lui emboîte le pas.

« Il ne nous reste qu’une petite chambre à un lit, le congrès, vous savez… » nous dit le réceptionniste navré.

Mon inconnu se tourne vers moi. « Ça ira, n’est-ce pas ? » Machinalement, j’acquiesce.

L’ascenseur est ancien, étroit, peu éclairé. Le type ne me touche pas. Mais je perçois son regard dardé sur moi.

Nous pénétrons dans la chambrette où la moquette amortit nos pas.

« Déshabille-toi ».

Je me tais, indécise.

Puis après tout, j’ai suivi cet homme jusque là ; puisqu’il me le demande…

Je conserve mon soutien-gorge et mon slip.

« Tu appelles ça se déshabiller ? »

Non, en effet, songé-je. Je retire mes sous-vêtements et demeure immobile, figée face à lui qui, impassible, inspecte ma nudité. Mon visage s’empourpre. Il pourrait, d’un simple mouvement de tête, me congédier.

Puis non, son silence se prolonge dans une approbation tacite. Il va me prendre. Ma gêne s’estompe, mon sexe malgré moi s’échauffe, j’en sens les premiers sucs.

Me voici soudain prête. À quoi, au juste ? À tout.

Que ce parfait inconnu m’écarte, s’introduise, me pilonne, me défonce ! Mais vite ! Que ses couilles battent entre mes jambes et qu’il jaillisse en moi sans demander son reste ! Je veux l’entendre feuler, je veux extirper toute sa sève ! Il m’hypnotise.

Il ne tient plus qu’à lui de… Ou de ne pas… Que sais-je !

Toujours vêtu (il n’a même pas retiré son blouson), il me place à quatre pattes sur la couche étroite et ouvre mes fesses dans la lumière qui pénètre à flots par la croisée.

Mon anus a l’air de l’intéresser. J’y sens la pression insistante de son pouce et son souffle tout proche. Puis non… Il va emprunter une voie plus facile, le temps presse, il le sent. Il baisse slip et pantalon, et glisse sous moi. 69. Sa bouche habile joue avec mes lèvres protubérantes. J’embouche sa hampe, timidement d’abord, puis vite enhardie par sa langue qui, au sommet de ma fente, titille mon bouton.

Puis il se lève et entre en moi. D’abord rude, puis doux, de plus en plus doux, il me promène, il me dompte. Son trot se mue soudain en galop, il se lance dans une chevauchée sauvage, je ne suis plus que sa chose.

Cela ne suffit pas. Il sort et attrape mes chevilles qu’il porte au niveau de son bassin, ajuste sa hauteur et s’enfonce de nouveau. Il va et vient, inlassable. Sa hampe a trouvé l’angle parfait ! Et, tous mes points mystérieux en éveil, je l’aide, j’en réclame, j’en veux, j’en veux, j’en veux ! Oh cette brouette ! Oh ! Longtemps je m’en souviendrai… Très vite mon plaisir éclate, presque en même temps que celui de mon inconnu qui, dans un souffle rauque, m’inonde.

Encore fesses en l’air, à quatre pattes sur le lit, à demi consciente, j’entends le cliquetis de son ceinturon qu’il boucle à la hâte, son ombre masque un instant la lumière. Puis il surgit face à moi. Il tire son portefeuille et dépose quelques billets sur la table de chevet. Nos regards se croisent, je crois distinguer un clin d’œil coquin, puis, sans un mot, l’inconnu marche vers la sortie. Je m’affale sur le matelas, le front contre mon coude, les yeux fermés.

J’ai repris mes sens. Me voici telle qu’on m’a prise moins d’une heure plus tôt. Un préservatif plein gît sur le couvre-lit.

Mais ?… M’a-t-on jamais payée pour ça !

Alors, on monte ? La question, simple, spontanée, banale, résonne encore dans mon esprit. M’a-t-il prise pour une professionnelle ? Si c’est le cas, il ne s’est pas trompé de beaucoup, je me suis comportée comme une pute. Mais non, je ne crois pas. Il savait très bien ce qu’il voulait : sauter cette fille en terrasse, en faire sa pute à lui, sans chichis ni minauderies. Et j’ai accepté, moi, femme libre. Libre ? Tu parles ! Un type m’a repérée et m’a sautée.

Du début à la fin, je l’ai suivi, j’ai obéi. J’ai accepté de monter. Pour me laisser monter. Comment ai-je pu ?… Il m’a mise à nu. Je lui ai offert mon corps, ouvert mon sexe, livré ma vertu d’épouse fidèle. Jamais je n’aurais imaginé cela possible.

Je ne sais plus rien. Catin ? Infidèle ? Femme libre ? Que suis-je au juste ? Tous ces mots ne veulent rien dire. Je m’en moque.

Soudain heureuse, je me rhabille. Heureuse d’avoir joui. Oh combien j’ai joui sur cette bite anonyme ! Combien ce type était bon !

Quant à lui… le moins que je puisse dire, c’est qu’il m’a comprise. Mais encore ?

Aurait-il, en m’obligeant si vite, tout compris en moi ? Allons donc, ne rêvons pas ! me dis-je. Quoique… Je ne sais.

Par ailleurs, si payer l’a amusé… Mais, suis-je bête ? Payer l’a comblé ! Il avait besoin d’une salope, il l’a trouvée. Il m’a payée tout comme on paie une putain. Un jeu. Un aveu. Une insulte qui fait du bien. Une leçon.

Coquine à mon tour, j’empoche mes deux billets verts certaine de les avoir bien mérités. Tiens, ce soir j’invite mon mari au restaurant !

© Ji Bocis

Web : www.jibocis.work

Contact : @JBocis

MAJ 11/01/22 : Inconnue malgré elle est également téléchargeable gratuitement aux formats eBook sur Edition999 si vous cliquez ci-dessous :

Inconnue malgré elle - © Ji Bocis - Edition999