Blonde

J’allais rabattre mon chapeau de paille drue quand une blonde sortit de la masure qui jouxtait les blés d’or.
 Oui, une blonde. Complètement nue…

Blonde
Crédit Photo : Andrea Piacquadio 

Je stoppai mon tracteur et m’assis au bord du chemin pour me reposer, les moissons nous laissent peu de répit. Je décrochai mon outre de vin frais, mis pied à terre et m’adossai à une clôture pour somnoler.
J’allais rabattre mon chapeau de paille drue quand une blonde sortit de la masure qui jouxtait les blés d’or.
Oui, une blonde. Complètement nue.

Oh, elle avait peu de chances de croiser âme qui vive par ici… mais à la campagne il faut se méfier, on a le regard perçant, une paire d’yeux capte le moindre changement des lieues à la ronde.

Je devins moins sûr de ce que je voyais tant la lumière de juillet était forte.
Et puis si, une blonde je dis !
Le corps blanc, les jambes effilées, ses seins oblongs pointaient dans l’azur. Je ne lui donnais pas vingt ans.

Elle se tourna, s’accroupit dans l’étroit carré d’ombre que lui ménageait la masure et se mit a chier.
Je n’eus à vrai dire pas d’autre choix que de la regarder, les pieds dans ses espadrilles vert d’eau, se cabrer sur son étron. Il n’en finissait pas cet étron, vivace et épais comme la tresse d’or qui reposait sur son dos.

Quand ce fut fini, elle se redressa et je vis son cul. Plus rond, plus large, plus parfait que je ne l’avais soupçonné.
Rapidement, sa tresse et ses hanches pâles se fondirent dans l’obscurité de la masure dont la porte se referma en grinçant.
Je chassai un bourdon, inspirai profondément et mes paupières fatiguées se fermèrent.

Lorsque je m’éveillai — une heure à peu près s’était écoulée — je me frottai les yeux : le paysage face à moi n’avait pas changé. Je hochai la tête, pris une rasade de vin frais, et me mis debout. Le tracteur m’attendait. Mais tout de même, je m’approchai de la masure. Je heurtai un volet de bois moisi.
—  Quelqu’un ici ?
—  Quelqu’un ici ? Je cherche ma route, s’il vous plaît ! insistai-je.
Personne ne répondit. Je n’entendais pas le moindre bruit. Je frappai à la porte puis la poussai d’un coup d’épaule. Je dus me rendre à l’évidence, l’endroit était désert et inhabité.
Je contournai la masure. Le carré d’ombre où la blonde s’était soulagée avait rétréci. Assailli par des mouches bleues, un étron encore frais luisait sous le soleil.

Bien sûr, personne ne me croira.
Et du reste, à qui compter une telle histoire ?

©️Ji Bocis